Un choix de sculpture
Avec des oeuvres de la collection du Frac des Pays de la Loire
Dominique Blais, Delphine Coindet, Jimmie Durham, Christian Hidaka, Jim Hodges, David Medalla,
Gina Pane, Richard Monnier, Yves Reynier, Los Carpinteros, Maria Loboda, Harald Klingelhöller,
Patrick Tosani, Rosemarie Trockel et Présence Panchounette.
Collégiale Saint Martin, Angers.
Septembre 2017-Janvier 2018
photos Fanny Trichet
texte de Norbert Duffort
Au-delà des notions propres à la sculpture, Delphine Coindet pose la relation entre la réalité
physique de l’œuvre et son contexte comme fondement de l’imaginaire.
Ici, commissaire et scénographe, elle élargit la posture de l’artiste à l’ensemble du process
de l’œuvre, de la conception à la monstration ; comme elle aime à le faire.
Plutôt que déconstruire les acquis de son travail, elle les mets à distance et en question
par la confrontation avec d’autres contextes et d’autres œuvres ; ainsi s’impose une économie
liée à une croissante conscience des moyens et des ressources (tant matérielles qu'historiques),
pour exister parmi les autres.
Certes, l’architecture de la Collégiale, comme la plupart des travaux de l’artiste et des œuvres
conviées, questionnent le volume et l’espace. Delphine Coindet elle-même appelle l’attention
sur la capacité de l’œuvre à désigner son « espace autour ».
Et pourtant, ce lieu devenu exposition, mène vers une autre dimension.
Tant par sa structure que par la diversité des matériaux employés au cours des âges,
le monument livre une stratification archéologique remarquable.
L’artiste y répond par un ensemble de propositions dont on peut retenir 3 lignes forces :
le symbole, la métaphore et la narration.
Les Cordes (codes) - couleurs ne s’élèvent que pour retomber, les Vitraux ne sont que d’appoint
et les Décors affichent une vocation modulable.
Chemin de lumière (Gina Pane) vers une présence vivante ou supposée (David Medalla) via
une impossible parole (Dominique Blais) et une architecture éphémère (Prismes); eau qui sourd
de la terre (Los Carpinteros).
Peu à peu, le va et vient entre architecture et œuvres mêle le temps historique au temps
de la visite ; rapport du temps au temps pour un effacement de toute chronologie.
Comme il a commencé, ce « Choix» s’achève avec Palimpseste. Par la peinture, et donc la couleur,
l’artiste change le support en sculpture ; dripping pour un reliquaire médiéval, afin que contenu et contenant ne fassent plus qu’un.
Par cette posture radicale et modeste à la fois, nourrie aux acquis de la modernité et à sa nécessaire
mise en question pour faire face à des lendemains improbables, Delphine Coindet substitue au temps
mesuré, le croisement du temps de son œuvre et de celui du regardeur. Résolument, elle raconte ici
une histoire, son histoire de fabricante déterminée d’objets innommables ; son exigence d’être,
malgré tout, au monde.
Au terme de ce « Choix de sculpture », ne sachant plus où « trouver » le temps, on en appelle
à Jimmie DURHAM et à son oeuvre Weeks and hours and similar divisions are human inventions (2007).
Le temps comme pure fiction.